The Strad Issue: May 2019
Description: Aptly named trio ascends to Messiaen’s ecstatic heights
Musicians: Messiaen Trio, Raphaël Sévère (clarinet)
Works: MESSIAEN Quatuor pour la Fin du Temps ADÈS Court Studies from The Tempest
Catalogue Number: MIRARE MIR 334
The Messiaen Trio joins forces with clarinettist Raphaël Sévère for the seminal Quatuor pour la Fin du Temps, with the pleasing addition of the ‘Court Studies’ from Adès’s The Tempest as the opener.
Composed for the same forces as the Messiaen, these lithe studies conjure up six of the characters from his opera. The players revel in the gorgeous, rich textures and dancing rhythms of the two opening movements – ‘The False Duke’ and ‘The Prince’ – against which the spectral and eerie third study, ‘The King’, is deliciously restrained. In the melancholy beauty of the finale, ‘The King’s Grief’, cellist Volodia van Keulen gives full weight to the cello’s swelling, lamenting phrases.
Messiaen’s Quatuor, famously premiered in a prisoner-of-war camp in Nazi Germany, is given an eloquent and expressive reading, buoyed by the warmth of the recorded sound.
The closing ‘Louange’, for violin and piano, achieves the heights the first one so narrowly missed, beautifully paced and ardently performed by violinist David Petrlik, with well-judged accompaniment by pianist Théo Fouchenneret.
Catherine Nelson
https://www.thestrad.com/reviews/messiaen-trio-plays-messiaen/8989.article
Publié le 01 février 2019 à 15h15
Raphaël Sévère s’impose sans conteste comme le meilleur de nos jeunes clarinettistes. En témoigne l’époustouflante virtuosité d’un jeu imaginatif, sensible et flamboyant, capable de couleurs, phrasés et nuances proprement inouïs dans les visions de mort et de désespérance qui peuplent le Quatuor pour la fin du temps qu’Olivier Messiaen écrivit en 1940 alors qu’il était prisonnier du Stalag VIII-A, à Görlitz, en Allemagne. Le jeune musicien n’a pas choisi par hasard ses trois talentueux complices du Trio Messiaen (David Petrlik, violon, Volodia Van Keulen, violoncelle et Théo Fouchenneret, piano). Unis à l’instar de quatre évangélistes, ils ne font qu’un dans cette Apocalypse rêvée qui convoque tour à tour les oiseaux (Liturgie de cristal), la fin du monde (Danse de la fureur, pour les sept trompettes) et le Christ rédempteur (Louange à l’immortalité de Jésus). Six études tirées de l’opéra The Tempest (2005), de Thomas Adès, complètent avec pertinence ce disque inspiré, de très haute tenue.
Marie-Aude Roux
Musikzen
mardi 5 février 2019
Temps décanté
Une version bouleversante du Quatuor pour la fin du Temps
Messiaen – Quatuor pour la fin du Temps – Adès – Court Studies
Au sein du catalogue restreint de la musique de chambre de Messiaen, le Quatuor pour la fin du Temps fait figure d’exception, par son écriture, comme par son effectif, inusité – violon, violoncelle, clarinette et piano –, et les circonstances de sa naissance : le compositeur, prisonnier en Allemagne, le crée avec trois codétenus devant un public de camarades, en 1941. Il n’est pas anodin de rappeler que Messiaen était alors entouré d’un « laboratoire
de poche rangé au fond de sa musette », des partitions de Beethoven, Bach, Berg, Honegger, Albéniz et Stravinsky. Guidé par une citation de l’Apocalypse de Jean, il se lance dans cette partition en huit mouvements au langage « immatériel et spirituel » avec la volonté d’user de « rythmes spéciaux, hors de toute mesure. »
Franck Mallet
https://www.musikzen.fr/chambriste-original-et-passionnant/7532
Resmusica
11 mai 2019
Véritable vitrail musical, le Quatuor pour la fin du Temps révèle toutes ses couleurs ardentes et extatiques dans cette interprétation remarquable du Trio Messiaen, assisté de Raphaël Sévère à la clarinette.
Usant d’un instrumentarium identique à celui d’Olivier Messiaen, les Court Studies du compositeur britannique Thomas Adès forme une introduction idéale au Quatuor. Très contrastées ces six pièces, extraites de son opéra « The Tempest » semblent déjà abolir le temps dans une sorte de lamento où timbres et harmonies apparaissent dans toute leur splendeur et leur variété, exaltées par la clarté et la virtuosité de l’interprétation. Tour à tour joyeuses, éthérées, majestueuses, solennelles, elles affichent une indicible poésie qui trouve son climax dans la dernière étude, The King ‘s Grief, portée par la douce cantilène de la clarinette de Raphaël Sévère.
Très spiritualisée, le Quatuor pour la fin du Temps est une œuvre hors normes, par sa genèse d’abord, puisqu’elle fut composée pour partie et créée, en Silésie en 1941, lors de la captivité du compositeur au Stalag VIII A de Görlitz, par son inspiration ensuite, puisqu’elle emprunte directement à l’Apocalypse de Saint Jean et particulièrement à l’annonce de l’Ange, par son effectif enfin, puisqu’elle met en scène la clarinette (Raphaël Sévère), le piano (Théo Fouchenneret), le violon (David Petrlik) et le violoncelle (Volodia Van Keulen) dans une formation dont on ne retrouve trace antérieurement que dans un quatuor de Paul Hindemith en 1938. Comportant huit parties, le Quatuor pour la fin du Temps forme un authentique puzzle musical alternant solo (Abîme des oiseaux), duo (Louange à l’Eternité de Jésus et Louange à l’Immortalité de Jésus), trio (Intermède), et tutti (Liturgie de cristal, Vocalise pour l’Ange qui annonce la fin du Temps, Danse de la fureur et Fouillis d’arcs-en-ciel). Il alterne, dans un saisissant contraste, des pièces vigoureuses, granitiques, aux rythmes complexes, quasi hallucinatoires dont l’inspiration fut sans doute exacerbée par les privations de la captivité, et des pièces mélodiques plus extatiques aux harmonies raffinées, soutenues par des rythmes obstinés, témoignant d’une foi fervente, préexistantes à son internement, et secondairement intégrées à la composition finale.
Au plan de l’interprétation, cet enregistrement parait exempt de toute critique et dans le concert de louanges (!) il convient de citer l’admirable prestation de Raphaël Sévère à la clarinette qui trouve dans l’Abîme aux oiseaux l’occasion de faire valoir toute la rondeur de sa sonorité jusque dans le suraigu le plus tendu, ainsi que la virtuosité et la fluidité de son jeu malgré une partition qui pousse à l’extrême les possibilités techniques de l’instrument et qui sembla, en son temps, poser quelques difficultés au créateur de l’œuvre Henri Akoka. On appréciera également le legato extatique et recueilli du violon et du violoncelle dans le duo bouleversant avec le piano des deux Louanges, ainsi que la cohésion de l’ensemble, la netteté de la mise en place et la dynamique dans les autres sections. Une lecture limpide, engagée et fervente que Messiaen n’aurait probablement pas reniée.
Patrice Imbaud
Quatuor pour la fin du Temps par Raphaël Sévère et le Trio Messiaen